Anna Karenine

La jeune et belle Anna Karenine est en visite à Moscou chez son frère, Stepan Oblonsky, dont l'épouse, Dolly, vient de découvrir l'infidélité. Femme d'un haut fonctionnaire et mère d'un garçon de 8 ans, Anna rencontre le comte Vronsky, un brillant officier, à sa descente du train. Bientôt, à Saint-Pétersbourg, leur liaison éclate au grand jour. Enceinte, Anna manque de mourir en couches. Tandis qu'Alexei Karenine lui accorde son pardon, Vronsky tente de mettre fin à ses jours. Sitôt rétablie, Anna quitte son époux pour vivre avec Vronsky, en marge de la société aristocratique et mondaine qui les rejette... -- Critique : Chorégraphier Anna Karenine, chef-d'oeuvre de Léon Tolstoï, n'est pas une mince affaire. Pour le Ballet du Mariinsky de Saint-Pétersbourg, Alexei Ratmansky s'y est collé avec une grande précision narrative. Sur la musique dramatique, aux accents anxiogènes, de Rodion Shchedrin, interprétée ici sous la baguette du fameux chef Valery Gergiev, le metteur en scène russe opère un découpage de l'histoire en deux actes avec un déroulé de tableaux fluides et lisibles. La sophistication du décor et de ses changements permanents est pour beaucoup dans l'extrême clarté du propos. Des éléments concrets (mobilier en particulier) sont incrustés au creux de projections d'endroits réels (chambre, bibliothèque...) sur un écran incurvé. D'où un tourbillon d'images et de sensations qui défilent vite en jonglant avec l'illusion du cinéma. Parfois un peu trop explicite, l'écriture néoclassique de Ratmansky, impeccablement interprétée techniquement, est malheureusement souvent parasitée par un maniérisme ou une expressivité qui tentent de passer pour un jeu d'acteur mais ratent leur cible. Il n'empêche, cette superproduction dansée par l'une des plus remarquables troupes classiques, remplit sa mission. Raconter la tragédie d'une femme sensuelle et désirante prise au piège d'une vie parallèle qui lui échappe. — Rosita Boisseau