Hors les murs

Un film au sein du SPIP de Montpellier, qui s'attache à son équipe de conseillers qui sont en première ligne dans la réforme pénale de Christiane Taubira.

Critique : Orteils dans le sable et regards au-delà des flots, un jeune couple discute sur une plage de l'Hérault. Le garçon à sa copine, enceinte : « On va y arriver, t'inquiète. » Une phrase leitmotiv qui scande les propos de Joffrey, en liberté conditionnelle après deux années de détention. Récidiviste, de santé fragile et sans travail, Joffrey doit impérativement suivre à la lettre le « parcours de libération sous contrainte » du Spip (service pénitentiaire d'insertion et de probation). Six semaines cruciales qui devraient aider l'ex-détenu à se projeter dans un projet professionnel, et à ne pas retourner à la case départ : la prison. Qu'est-ce que la réinsertion pour un jeune sans formation qui sort de maison d'arrêt avec son paquetage, quelques euros et un ticket de bus ? Laure Pradal, qui avait réalisé un documentaire très fort, En quête de justice (2014), sur deux anciens condamnés clamant leur innocence, avait su filmer cette reconstruction difficile et incertaine. Cette fois-ci, Joffrey, personnage « boule à facettes », tour à tour amoureux, instable, déterminé ou au bord du pétage de plombs, captive autant qu'il émeut. Tiendra-t-il ses engagements, ne les tiendra-t-il pas ? Sensible et élégant, le portrait intime de ce jeune restitue les tressaillements du face-à-face avec les éducateurs, l'angoisse de recroiser de mauvaises relations, et réserve de jolis moments (en cours d'improvisation notamment). Le ventre arrondi de la jeune femme s'affiche, lui, comme un repère hors les murs, promesse d'un meilleur avenir. — Emmanuelle Skyvington

Commentaires