Paris-Berlin, destins croisés - La course à la modernité, 1806-1870

En 1806, après les victoires d'Iéna et d'Auerstedt, les troupes de Napoléon entrent à Berlin. L'occupation française fait naître le nationalisme prussien, mais entraîne aussi une spectaculaire modernisation du royaume et de sa capitale. Car une fois l'envahisseur défait, Berlin développe sa propre architecture et trouve sa vocation dans l'industrie ferroviaire et la sidérurgie. Après avoir payé au prix fort la défaite de Napoléon, Paris s'offre un formidable rebond avec les grands travaux d'Haussmann, taillant dans le vif pour faire advenir la «capitale du XIXe siècle», selon le mot de Walter Benjamin.

Critique : Huit cent cinquante kilomètres séparent les deux grandes capitales européennes. Huit cent cinquante kilomètres et quatre siècles d'histoire, qui ont vu Paris et Berlin se mesurer sans cesse l'une à l'autre, se surveiller, se jalouser, se concurrencer ou s'affronter. Deux villes fort différentes — l'une tournée vers l'Atlantique mais limitée dans son essor, l'autre nichée au coeur de l'Europe centrale mais portée à s'étendre —, dont la croissance comme les choix urbanistiques et architecturaux témoignent d'intentions politiques marquées. Avec autant de rigueur que d'érudition, Frédéric Wilner nous conte leur histoire dans les quatre épisodes de cette série documentaire particulièrement bien construite et d'une grande densité informative. Servi par quelques spécialistes français et allemands et d'excellentes animations 3D, Paris-Berlin, destins croisés se révèle un remarquable exposé mais un documentaire plutôt conventionnel, en cela qu'il se conforme à la syntaxe commune des programmes didactiques. Si l'on apprend beaucoup, jusqu'à réviser certains a priori ancrés dans notre perception des deux villes, la dimension culturelle de cette production ambitieuse ne se double pas d'un projet artistique à sa mesure. On est loin de Paris, roman d'une ville, formidable documentaire inspiré à Stan Neumann par les travaux de l'historien de l'art François Loyer et encore disponible chez Arte éditions. Prise pour ce qu'elle est, l'entreprise plus modeste de Frédéric Wilner ne manque cependant pas de retenir l'attention, ni de la satisfaire. — François Ekchajzer

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