Orfeo Chaman

Au travers de cet opéra en cinq actes, Christina Pluhar, Rolf et Heidi Abderhalden recréent le mythe d'Orphée et lui confèrent une dimension inédite. Ils dévoilent la part mystique et symbolique de ce drame, en un voyage au cours duquel Orphée apprend le langage des animaux, parle aux esprits gardiens des plantes, et accomplit de la magie grâce à sa musique. -- Critique : Spécialiste aguerrie et inspirée des musiques anciennes du bassin méditerranéen, savantes ou populaires, curieuse d'aventures musicales avec son ensemble L'Aperggiata, Christina Pluhar parle le Monteverdi couramment : au point de recréer un Orfeo, oeuvre fondatrice de l'opéra, créée à la cour de Mantoue en 1607. Mêlant mythes méditerranéens et amérindiens, ces cinq actes courts nous entraînent dans un voyage poétique subtil et coloré, où la mystique le dispute à l'humain, la douceur à l'âpreté, le chant à la déclamation, l'élégie à l'énergie. Ce périple prend des allures de fugue enchantée et initiatique pour un Orphée apprenant à parler aux animaux et aux esprits, détenteur de pouvoirs magiques grâce à la musique. Jouant des codes de la machinerie baroque sans tomber dans ses excès, la scénographie participe à cette dilatation du temps qui accompagne tout voyage — dont nous sommes, enchaînés à ces musiques tel Ulysse à son mât croisant devant les sirènes, mais incapables de résister à cette floraison de couleurs instrumentales, de rythmes qui, parfois, abordent les rivages de l'Afrique. « Ce n'est pas moi qui suis influencée par le jazz ou la pop, revendique Christina Pluhar (1) , c'est Monteverdi qui a influencé le jazz et la pop. On n'a rien inventé : au XVIIe siècle, on employait déjà des basses, un peu comme dans la musique pop. » Chanteurs habités, acrobates et danseurs au diapason, cette création est celle d'une chamane habitée par la passion. — Bernard Merigaud   (1) Le Monde de la musique, février 2009.

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