Les vivants et les morts - La libération

Episode : 8/8 - Rudi est en prison. A Raussel, une cérémonie est organisée à la mémoire d'Anthony et de Saïda, tués lors de la manifestation. Pendant ce temps, à la préfecture, les délégués CFDT et FO signent un protocole d'accord scellant la disparition de la Kos et la mise au chômage de tous les ouvriers. Dallas se rebelle contre ce qu'elle considère comme une trahison. Totalement isolée, abandonnée de tous, contrainte de vendre le pavillon, sans ressources, elle se réfugie chez le docteur Kops. Le médecin entreprend de faire son éducation et l'aide à trouver un avocat pour Rudi avant de partir pour Paris... -- Critique : L'issue était inéluctable : la Kos, rachetée par d'obscurs capitaux américains, va fermer. Les syndicats se cognent à des patrons « fantômes », auxquels se substituent les représentants de l'Etat. Retranchés au sein de l'usine, les grévistes refusent d'entendre parler de cellule de reclassement, de stages de reconversion, d'indemnités. Rudi, Armand, Hachemi, Corbeau et les autres n'ont plus rien à défendre hormis leur dignité. Quitte à faire sauter l'usine. A l'initiative de Rudi, une grande manifestation s'organise à Raussel. Le cortège des femmes est rejoint par celui des « blocs » HLM, puis par les grévistes. Face aux CRS, des pavés volent, des coups partent. La flambée de violence les emporte tous. A la violence économique, ceux de Raussel répondent par des actes extrêmes, désespérés. Gérard Mordillat n'a pas peur des grands mots, des lumières de l'Histoire, du grand soir (voir la lettre de Rudi lue par Dallas). Son envie d'en découdre avec un système qui broie des vies et transforme des usines en déserts n'est en rien étouffée par le passage de l'écrit à l'image. Certains jugeront sans doute son propos utopiste, voire extrémiste, son regard singulièrement romantique. D'autres en saisiront la portée précieuse, surtout dans le cadre d'une fiction télé française si rétive à s'emparer des maux du présent. Ce réel, litanie de plans sociaux et de fermetures d'usines, Mordillat l'extirpe de sa banalité pour en restituer la brutalité, en raviver la morsure. En remplaçant les chiffres par des noms, des visages et des vies. — Isabelle Poitte

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