Treblinka : le camp de l'horreur

Le camp d'extermination de Treblinka a été créé par les nazis pour éliminer les juifs de la Pologne occupée. En tout, 900 000 hommes, femmes et enfants y ont été exterminés. En août 1943, une centaine de détenus ont pourtant réussi à s'échapper. Samuel Willenberg et Kalman Taigman, deux survivants, témoignent. Ils racontent les atrocités qu'ils ont subies et le destin tragique de leurs familles.

Critique : Il y a des sujets qui, plus que d'autres, souffrent d'être traités sur un mode conventionnel. Des documentaristes qui, même au moment d'évoquer la destruction des Juifs d'Europe, négligent de considérer les problématiques de représentation dont la résolution constitue pourtant la base de leur travail. Pour retracer l'histoire du camp d'extermination de Treblinka, situé à une centaine de kilomètres de Varsovie et qui servit avec ceux de Belzec et de Sobibor à la réalisation de l'opération Reinhard, Adam Kemp a misé sur l'équation esthétique ordinaire du documentaire historique — mélange d'archives, d'interviews d'historiens, de récits de survivants et d'un commentaire explicatif. Ce faisant, il ne désarçonnera aucun téléspectateur et, en dépit de ses faiblesses de construction (trop lacunaire sur le fonctionnement du camp, trop prolixe sur l'après-guerre), l'instruira même certainement ; mais sans jamais rendre compte de la singularité des faits abordés. Conscient de son impuissance à saisir une parcelle de vérité de la Shoah, le documentariste britannique multiplie les effets rhétoriques : appesantissement sur les sanglots d'un survivant, musiques dramatisantes et épithètes censées pallier les faiblesses du discours. A ignorer les ressources qu'offre le cinéma pour suggérer l'indicible, Treblinka : le camp de l'horreur (quel titre !) n'est rien de plus qu'un documentaire ordinaire sur un sujet extraordinaire. — François Ekchajzer

Commentaires