Neville Tranter - La voix de son maître

L'Australien Neville Tranter, devenu néerlandais d'adoption, fondateur en 1976 du Stuffed Puppet Theater, présente sa toute nouvelle pièce, «Mathilde».

Critique : D'abord la gaine, ensuite le fil et pour finir la tige. Trois techniques pour aborder le monde fractionné de la marionnette contemporaine, à l'heure où se clôt le fameux festival de Charleville-Mézières. Pleins feux, tout d'abord, sur Neville Tranter, artiste hors norme, expert en pas de deux parfois glissants avec ses partenaires de chiffons et de latex. « Les marionnettes sont capables de montrer la condition humaine dans tous ses aspects », assure le maître. En deux traits d'esprit, trois mouvements, le facteur de muppets délivre une savoureuse leçon de théâtre (1) . Plus contemplatif, le deuxième épisode tourne un peu en cage, dans l'atelier de Frank Soehnle (à 16h45), maître incontesté de la marionnette à fils. Un huis clos qui vole en éclats avec Basil Jones et Adrian Kohler, fondateurs de la compagnie sud-africaine Handspring Puppet (à 17h15). Dès sa première pièce, en 1981 — et quoi qu'en dise le plasticien William Kentridge, fidèle compagnon de route —, le couple d'artistes place ses créations sur le terrain politique. Sans altérer leur engagement, la fin de l'apartheid les oblige à repenser leurs créations en direction d'un théâtre plus imagé. Comédienne à sang froid, chimère allégorique ou animal mécanique... la marionnette contemporaine arbore ici trois de ses plus surprenants visages. — Mathieu Braunstein   (1) Sa dernière pièce, Mathilde, est donnée au Festival mondial des théâtres de marionnettes, à Charleville-Mézières, du 25 au 29 septembre.

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