Les dessous de la mondialisation - Moldavie, une si longue absence

Enquête dans un pays dont l'économie et la société subissent les conséquences de la mondialisation.

Critique : Il y a dans le regard de Catalin, 8 ans, une grande dose de sérieux et beaucoup de tristesse, depuis que sa mère a quitté, il y a trois ans, leur village en Moldavie. Elevé par ses grands-parents, le petit garçon a de bons copains à l'école, il est correctement vêtu et nourri, mais ne rêve que d'une chose : que sa maman revienne. De son côté, Raïa, 28 ans, a choisi de s'exiler en France, comme quarante mille autres Moldaves. Les quelques heures de ménage et de repassage qu'elle a trouvées permettent à la jeune femme de « manger chaque jour » et d'envoyer chaque mois un peu d'argent. Seule à Paris, elle culpabilise d'avoir laissé son fils si petit. Leur histoire est à l'image de celle des centaines de migrants qui, chaque semaine, quittent en bus les villages de Moldavie, le pays le plus pauvre d'Europe, pour rejoindre la France (ou la Russie, le « grand frère » historique) dans l'espoir d'y travailler, légalement ou clandestinement. Si certains s'en sortent, en s'appuyant notamment sur la diaspora, d'autres tombent aux mains de trafiquants en tous genres. Seuls restent dans des villages fantomatiques les enfants et les personnes âgées, qui doivent faire face à l'inflation (6 % par an en moyenne), à une économie au bord de l'asphyxie (chômage, corruption...) et au dépeuplement. De beaux portraits qui traduisent le désenchantement des Moldaves, dans un pays en paix mais paralysé entre deux modèles : la Russie, héritière du système soviétique, ou l'Union européenne, improbable eldorado. — Emmanuelle Skyvington

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